Interpol : fraude financière d’Afrique de l’Ouest

Christophe BARDY - GRACES community
29/8/2024
Propulsé par Virginie
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C’est un vaste coup de filet contre la criminalité financière venue d’Afrique de l’Ouest qu’Interpol a rendu public mardi 16 juillet. L’opération Jackal III, menée du 10 avril au 3 juillet, a donné lieu selon l’Organisation internationale de police criminelle à 300 interpellations, 720 comptes bancaires bloqués et une saisie d’une valeur de 3 millions de dollars.


Interpol a notamment annoncé le démantèlement d’un « réseau criminel transnational dirigé par des Nigérians » en Argentine, où 72 suspects ont été arrêtés et 1,2 million de dollars saisis en « supernotes », c’est-à-dire en faux billets, au terme de cinq ans d’investigation.


L’opération de police a concerné 21 pays, parmi lesquels la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la France et l’Italie. « Le niveau de fraude financière provenant d’Afrique de l’Ouest est alarmant et ne fait qu’augmenter. Les résultats de cette opération soulignent l’importance de la collaboration internationale entre les services pour lutter contre ces vastes réseaux criminels », a rappelé Isaac Oginni, directeur du Financial Crime and Anti-Corruption Centre (Ifcacc) d’Interpol, dans le communiqué du 16 juillet.


Parmi les autres résultats annoncés, au Portugal, un réseau nigérian impliqué dans le blanchiment de fonds venus de victimes de fraude financière a également été démantelé.


La Black Axe Confraternity, fondée au Nigeria


Dans un communiqué daté d’août 2023, Interpol avait déjà indiqué les mécanismes de la criminalité en ligne, comme les « escroqueries aux faux ordres de virement, aux sentiments, à l’héritage ou au paiement anticipé, fraudes à la carte de crédit, fraudes fiscales et opérations de blanchiment d’argent notamment ».


En France, les arnaques aux faux conseillers bancaires ont connu une hausse des signalements de 78 % sur l’année 2023, d’après le rapport annuel de Cybermalveillance.gouv.fr. Les conséquences pour les victimes peuvent être lourdes, financièrement, mais aussi psychologiquement, en particulier dans les cas d’escroqueries sentimentales.


L’une des organisations ciblées par Interpol lors de l’opération Jackal III est la Black Axe Confraternity (BAC) – la Confraternité de la hache noire. Elle a été fondée dans les années 1970 au Nigeria, dans l’université de Benin City, et rassemblait principalement des étudiants, comme d’autres « cults », nom de ces organisations, à leurs débuts.


Celles-ci ont développé des ramifications en Europe à partir des années 2000 et sont aujourd’hui connues pour leurs liens avec la traite de femmes nigérianes dans des réseaux de prostitution, une activité qui « repose sur des sous-traitants et des entrepreneurs individuels, parmi lesquels des membres de confraternités, sans que ces dernières, en tant qu’institutions, y soient intéressées, précise Corentin Cohen, chercheur à l’université d’Oxford, dans une étude parue en 2021. En revanche, ces activités permettent un enrichissement et témoignent d’une implication croissante de leurs membres dans la traite. »


« Une menace majeure pour la sécurité internationale »


D’autres activités criminelles sont en jeu : Interpol précise que la BAC est aujourd’hui liée à des opérations « de fraude en ligne, de traite d’êtres humains, de trafic de drogue et de crimes violents », aussi bien en Afrique que sur d’autres continents. Devenue l’un des « cults » les plus importants, elle est depuis plusieurs années sous enquête du FBI. Une investigation conjointe des policiers fédéraux américains et d’Interpol avait mené à l’arrestation de neuf membres présumés de la BAC en Afrique du Sud, en 2021.


L’année suivante, Interpol annonçait le lancement de l’opération Jackal, opération mondiale « expressément dirigée contre Black Axe, qui est en train de devenir une menace majeure pour la sécurité internationale ». Depuis, l’organisation basée à Lyon poursuit ses enquêtes et procède régulièrement à des arrestations et gels de comptes bancaires.


Plusieurs organisations criminelles originaires du Nigeria sont actives notamment en Italie, où elles sont considérées comme des mafias, et en France où certains de leurs membres sont poursuivis pour l’organisation de la prostitution de jeunes Nigérianes. Ces dernières années, plusieurs condamnations ont été prononcées, notamment à Marseille et à Paris.


Le 10 juillet à Paris, sept Nigérians issus des « Maphites » ont été condamnés à des peines allant de 10 à 15 ans de prison, notamment pour proxénétisme : leurs victimes, majoritairement originaires de Benin City, devaient se prostituer dans le bois de Vincennes ou dans le quartier de Château-Rouge.


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