
Le média LCB-FT.fr publie une interview de Violaine Clerc, Secrétaire Exécutive du Groupe d’Action Financière (GAFI). L’échange met en lumière une intensification de la collaboration avec le secteur privé, la feuille de route du GAFI et les implications concrètes pour les dispositifs LCB-FT des établissements financiers et acteurs régulés. Pour les compliance officers francophones aguerris, cet entretien est l’occasion d’aligner leur dispositif avec les attentes internationales, dans un contexte de pression accrue sur l’efficacité des contrôles, la qualité des déclarations de soupçon et l’usage des technologies avancées.
Trois mouvements structurants se dégagent : 1) le passage d’une logique de conformité formelle à une mesure d’efficacité démontrable des dispositifs LCB-FT ; 2) la montée en puissance de la coopération public-privé, y compris pour le partage d’informations et d’analyses de risques ; 3) l’encouragement à recourir à des technologies (analytics, IA, graph, KYC/CDD augmentés) pour améliorer la détection et réduire les faux positifs, tout en renforçant la gouvernance des données et la documentation des choix algorithmiques.
À court terme, les établissements doivent revisiter leur approche par les risques pour intégrer les priorités GAFI, renforcer la granularité des diligences (CDD/EDD) sur les risques géographiques et sectoriels critiques, recalibrer la surveillance des transactions par scénarios et modèles explicables, et améliorer la qualité des déclarations TRACFIN/CRF (timing, consistance factuelle, traçabilité des analyses). La documentation probatoire, la piste d’audit et la traçabilité des décisions (y compris sur les seuils et la priorisation) sont désormais des éléments déterminants lors des inspections.
Le message clé : l’innovation est encouragée si elle s’accompagne d’une gouvernance robuste. Les contrôles de première et deuxième lignes doivent intégrer des tests de performance et de biais des modèles, des critères d’acceptabilité, des processus d’override et un suivi continu. Les comités modèles et la validation indépendante deviennent incontournables pour démontrer l’« efficacité opérationnelle » aux superviseurs et aux évaluateurs GAFI.
Le GAFI promeut la mise en place de cadres de partage d’informations conformes à la protection des données, l’usage de typologies et d’alertes sectorielles, et la participation active aux groupes de place. Pour les groupes internationaux, l’harmonisation des politiques LCB-FT et la remontée d’informations transfrontières doivent être cadrées juridiquement (bases légales, minimisation, journalisation).
Les évaluations se focalisent davantage sur les résultats (saisies, condamnations, qualité/pertinence des déclarations, disruption des réseaux). Les institutions doivent démontrer la contribution effective de leur dispositif à ces résultats : indicateurs de performance, études de cas, coopération avec les autorités, et amélioration continue tirée des feedbacks CRF/superviseurs.
- Mettre à jour la cartographie des risques et recalibrer les scénarios/segments clients prioritaires.
- Renforcer la gouvernance des modèles et la traçabilité (tests, seuils, overrides, biais).
- Améliorer la qualité et la rapidité des déclarations (templates, checklists, KPIs).
- Participer aux cadres de partage d’informations et formaliser les bases légales de transfert de données.
- Préparer un dossier « efficacité LCB-FT » pour inspections et évaluations (preuves, métriques, cas d’usage).

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