
Le Forum Tracfin 2025 s’annonce comme un moment charnière pour l’écosystème LCB-FT français : l’orientation « déclarer moins mais déclarer mieux » met au premier plan la pertinence opérationnelle des dispositifs, la qualité des déclarations de soupçon (DS) et l’alignement sur une approche par les risques concrète, traçable et auditable. Pour les établissements bancaires, assureurs, FinTech et professions assujetties, l’année 2025 sera celle de la maturité : gouvernance des alertes, industrialisation de la priorisation, calibration des seuils, documentation des rejets et des non-déclarations, et articulation fine entre KYC, surveillance des transactions et DS.
Au-delà du volume, Tracfin attend des déclarations exploitables, étayées, correctement rattachées aux scénarios de risque et aux typologies en vigueur, avec une chaîne probatoire solide (justificatifs, chronologie, éléments de matérialité) et une meilleure synchronisation avec les obligations de vigilance (initiale et renforcée), d’examen renforcé, et de mesures correctrices.
1) Gouvernance et pilotage par la donnée : mettre en place des indicateurs de qualité (taux de DS retournées pour compléments, part des DS alignées à une typologie Tracfin, délai moyen de transmission, part des DS où la matérialité est démontrée), un tableau de bord par filière (retail, corporate, paiement, assurance-vie) et une boucle d’amélioration continue intégrant les retours Tracfin et les enseignements des contrôles ACPR/AMF.
2) Ciblage et scénarisation du risque : cartographier les risques par produits, canaux, géographies et typologies criminelles ; documenter les scénarios avec paramètres, seuils, justifications et tests d’efficacité ; intégrer des signaux faibles (incohérences KYC, comportements transactionnels, événements déclencheurs).
3) Dossiers DS robustes et auditables : charte de rédaction, check-lists, chronologies horodatées, pièces probantes, articulation avec l’examen renforcé et les obligations connexes (gel, embargos, sanctions) ; éviter les DS « parapluie » et documenter les non-déclarations lorsqu’un examen renforcé conclut à une absence de soupçon.
4) Qualité des données et traçabilité : fiabilisation des référentiels clients, UBO, PEP, sanctions ; gouvernance de la donnée (propriétaires, qualité, remédiation) ; journalisation des décisions et conservation des éléments selon les durées réglementaires.
5) Compétences et culture LCB-FT : formation ciblée des analystes et décideurs, coaching sur les typologies émergentes (fraudes complexes, chaînes de paiements, crypto-actifs), et renforcement de la capacité d’escalade et de coordination inter-équipes.
Les contrôles en 2025 devraient insister sur la cohérence entre la cartographie des risques, la scénarisation et la logique de déclaration ; la documentation des arbitrages (déclarer/ne pas déclarer) ; et la capacité à démontrer l’efficacité (et non seulement la conformité formelle) du dispositif. L’exigence de « mieux déclarer » appelle une gouvernance robuste, des métriques de qualité, l’explicabilité des modèles (règles, scoring, machine learning), et une articulation fluide avec la gestion des sanctions et embargos.

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