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Podcast : Le Royaume-Uni compte 52 000 propriétés détenues de façon opaque, en partie par des oligarques russes

Ce recensement a été effectué par l’ONG anti-corruption Transparency international. Elle dénonce aussi une forme de passivité des autorités britanniques sur le sujet.


Publié le 07/02/2023


Ces 52 000 propriétés se trouvent souvent dans les quartiers chics du centre de Londres : Kensington, Belgravia, Chelsea. Et elles sont toutes entre les mains de sociétés quasi-anonymes. 18 000 sociétés au total ne se sont donc pas pliées aux nouvelles exigences de la loi britannique. Valeur totale de ces immeubles, maisons ou appartements : sept milliards et demi d’euros. Le rapport de Transparency International, intitulé, non sans humour, 'Through the Keyhole', 'Par le trou de la serrure', est publié mardi 7 février et il recense différentes techniques de dissimulation, résumées dans treize pages.


Souvent, les montages sont tellement opaques avec tellement de sociétés écrans qu’il devient impossible de remonter jusqu’à la source. Au cœur du dispositif : les paradis fiscaux, comme Jersey ou les Iles vierges britanniques. Dans d’autres cas, il y a tout simplement mensonge : le propriétaire réel n’est pas le propriétaire déclaré. Ou plus étonnant encore : il n’y a, officiellement, pas de propriétaire. Plus de 2 300 cas de ce genre : les sociétés anonymes qui ont acheté n’ont pas de bénéficiaire officiel.


20% du total entre les mains d'oligarques russes

Et il y a donc de nombreux Russes parmi les propriétaires présumés. C’est le cas pour environ 20% de ces propriétés, un cinquième du total, pour une valeur dépassent 1,5 milliard d’euros. Les circuits de financement, précise Transparency International, remontent vers des oligarques proches du Kremlin, alors même qu’ils sont censés faire l’objet de sanctions. L’ONG ne donne pas de noms. Mais on sait que Londres avait été rebaptisé Londongrad ces dernières années, en raison de l’omniprésence des milliardaires russes. On songe notamment à Roman Abramovitch, l’ex propriétaire du club de football de Chelsea. Il a quitté Londres avec un passeport israélien, non sans avoir légué bon nombre de ses propriétés à ses enfants. Le rapport cite nommément, en revanche, d’autres dirigeants politiques ou importants businessmen : le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, l’homme d’affaires nigérian Igho Saromi, l’ancien vice-président angolais Manuel Domingos Vicente, ou bien le bélarusse Serguei Sheiman, fils du bras droit du potentat Alexandre Loukachenko, principal allié de Poutine. Transparency évoque aussi les familles royales du Golfe, Emirats, Arabie Saoudite. A chaque fois, les montages bancaires sont assez baroques.  


Une loi sur la transparence non respectée

En filigrane, Transparency international dénonce donc aussi une certaine passivité des autorités britanniques. Après le début de la guere en Ukraine, en mars de l’année dernière, avec tambours et trompettes, le Royaume-Uni avait modifié sa loi sur les fonds des oligarques en les contraignant à la transparence. Cette volonté affichée s’est accompagnée de quelques coups d’éclat, par exemple l’interpellation en décembre dernier, à Londres, d’une figure de l’oligarchie russe : Mikhail Fridmann, propriétaire du groupe Alpha, soupçonné de blanchiment d’argent. Londres affirme avoir déjà saisi l’équivalent de vingt millions d’euros parmi les biens de ces milliardaires russes. Mais ce rapport le démontre : dans la moitié des cas, la nouvelle loi n’a pas été respectée. L’intransigeance de façade n’est pas suivie des faits. Les cellules d’enquêtes anti-blanchiment sont souvent confrontées à des armées d’avocats et de comptables. En tout cas, pour Transparency International, le résultat est là : le Royaume-Uni demeure 'une plaque tournante de l’argent sale'


Through the Keyhole - Transparency International UK by Franceinfo on Scribd


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