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Sanctions

Marseille : un agent de la mairie accusée de corruption

Une adjointe administrative de la ville comparaît devant le tribunal correctionnel pour avoir été à la tête d’un vaste réseau de corruption dans l’attribution de logements sociaux, avec le versement d’importants pots-de-vin.


Cinq ans de prison et un mandat de dépôt ont été requis lundi contre une adjointe administrative de la ville de Marseille jugée pour une vaste affaire de corruption portant sur l'attribution de logements sociaux, dont elle aurait été «la tête de réseau».


Le procureur a également réclamé une amende de 50.000 euros et, «parce qu'elle a manqué pendant quatre ans à l'intégralité des devoirs d'un agent public», il a sollicité une interdiction définitive d'exercer toute fonction publique.

En poste au service logement de la mairie des 2e et 3e arrondissements de Marseille, Rosina Livolsi, 52 ans, jugée depuis le 19 février aux côtés de treize complices et intermédiaires, a reconnu avoir monnayé des bakchichs auprès des demandeurs de logements sociaux.

Elle réclamait à ces derniers entre 1000 et 2000 euros pour mettre un dossier sur le dessus de la pile, le tribunal ayant évalué ses gains à un total d'environ 40.000 euros entre 2016 et 2019.


Corruption du quotidien


«Il s'agit d'une corruption de basse intensité mais il ne faut pas confondre basse intensité et faible gravité», a relevé le procureur Mathieu Vernaudon qui a appelé le tribunal à «une réponse forte et claire contre ces pratiques illégales et inadmissibles, à Marseille comme ailleurs»«Cette corruption du quotidien (...) porte une atteinte très profonde au lien social», a-t-il martelé.


Entrée comme fonctionnaire le 5 novembre 1997 à la mairie de Marseille, celle qui revendique encore le surnom de «Mère Teresa du 2e arrondissement» a expliqué avoir été prise «dans une spirale», faisant l'objet depuis 2010 de procédures de surendettement.


La qualifiant de «tête de réseau et de cœur du système», le procureur a pointé sa «grande capacité à manipuler les gens». Au premier jour de son procès, elle déclarait avoir «toujours eu beaucoup d'empathie pour les gens». Le propos a heurté le procureur qui l'a décrite comme «l'organisatrice d'un système visant à exploiter la précarité des demandeurs de logements, dans une ville où la population paupérisée est très importante, dans une ville marquée par des situations d'habitat insalubre et marquée par le drame de la rue d'Aubagne », lorsque l'effondrement de deux immeubles avait fait huit morts en novembre 2018.


La mairie réclame au juge de la fermeté


Une fois écartée de ses fonctions, en 2018, en raison de soupçons de plus en plus grands, Rosina Livolsi avait continué à monnayer des promesses de logements. Des peines allant d'un an de prison avec sursis jusqu'à deux ans dont un an ferme et des amendes de 5000 à 20.000 euros ont été requises contre ses intermédiaires et rabatteurs.


Le magistrat de l'accusation a aussi demandé la condamnation à 30 mois de prison, dont un an ferme à purger sous bracelet électronique, et à une amende de 25.000 euros chacun, du fils et de la belle-fille de Rosina Livolsi auxquels celle-ci disait vouloir assurer un niveau de vie confortable.


Représentant la ville de Marseille, partie civile, Me Benjamin Liautaud a également appelé le tribunal à «beaucoup de fermeté», condamnant les propos réitérés par les prévenus selon lesquels «à Marseille, c'est comme ça que cela se passe.» Le tribunal va écouter jusqu'à mercredi les plaidoiries des avocats de la défense avant de vraisemblablement mettre son jugement en délibéré.


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